L’histoire de l’île Maurice a été profondément marquée par les épidémies. De la variole coloniale aux épidémies de choléra et de paludisme, ces crises ont influencé la démographie, les politiques de santé et le tissu même de la société.

La variole et les premières mesures de quarantaine

La variole est apparue comme un fléau fréquent pendant la domination coloniale française. Les navires en provenance d’Europe ou d’Inde étaient souvent porteurs de la maladie, ce qui entraînait des épidémies parmi les soldats, les esclaves et les colons. En réponse, les autorités ont mis en place une quarantaine maritime : avant le débarquement, les navires étaient désinfectés, ancrés à Belle Buoy, et leurs passagers temporairement confinés. En 1792, une station de quarantaine a été établie sur l’île Tonneliers afin d’isoler les cas et de contrôler la propagation.

Le choléra au XIXe siècle et le sort des travailleurs sous contrat

Après l’abolition de l’esclavage, des travailleurs sous contrat sont arrivés en grand nombre dans des conditions épouvantables. Des épidémies de choléra ont frappé à plusieurs reprises en 1854, 1856, 1859 et 1861, se propageant souvent via des navires surpeuplés ou en raison de l’insalubrité à Port-Louis. En 1856, deux navires, l’Hyderee et le Futteh Mubarac, ont été détournés vers Flat Island et l’Îlot Gabriel en raison des craintes de choléra parmi les passagers. Beaucoup souffraient de dysenterie et de malnutrition plutôt que du choléra, mais plus de 200 décès ont été enregistrés.

Une combinaison dévastatrice : le paludisme et les risques urbains

Entre 1866 et 1868, le paludisme s’est propagé sur l’île, aggravant les problèmes de santé publique existants. La prévalence de la variole, du choléra et de la fièvre a mis en évidence l’urgence d’une réforme médicale. Des stations de quarantaine ont été mises en place sur plusieurs îles, notamment l’île Plate, l’île Gabriel et la Pointe aux Canonnier, afin d’isoler les malades et d’empêcher la propagation de la maladie.

La grippe espagnole et son bilan en 1919

La grippe espagnole de 1918-1919 a dévasté l’île Maurice. Deux navires, le Beira et l’Orénoque, sont arrivés avec des passagers infectés ; le second n’a pas été mis en quarantaine, ce qui a permis au virus de se propager rapidement. En mai 1919, plus de 7 000 décès ont été enregistrés en un seul mois à Port-Louis. Les estimations pour la période de trois mois varient entre 12 860 et plus de 15 000 décès, ce qui représenterait un lourd tribut pour la population de l’île.

Héritage : façonner les infrastructures sanitaires et la société

Ces épidémies ont conduit à la mise en place d’infrastructures médicales et de systèmes de santé publique. Les stations de quarantaine, les obligations vaccinales et les réglementations sanitaires ont été intégrées à la politique coloniale. Elles ont également laissé un héritage durable à la société mauricienne, mettant en évidence les inégalités sociales et la nécessité d’améliorer l’assainissement, les soins et la résilience.

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