Lorsque Maurice s’apprêtait à baisser le drapeau britannique et à hisser son nouveau drapeau quadricolore le 12 mars 1968 au Champ de Mars, il fallait également trouver une chanson qui représenterait son peuple et ses aspirations. Pour marquer ce moment historique, le gouvernement a lancé un concours public pour les paroles de l’hymne national. Le poète mauricien Jean-Georges Prosper, qui fut plus tard honoré du titre de membre de l’Ordre de l’Empire britannique (MBE), remporta le concours.

Selon le gouvernement mauricien, les paroles de Prosper furent ensuite mises en musique par Philippe Gentil, musicien de longue date de la fanfare de la police mauricienne, qui fut également décoré plus tard du titre de MBE.

Le parcours de Jean-Georges Prosper aide à comprendre le caractère de l’hymne. Né en 1933, il a étudié à la Sorbonne à Paris avant de retourner à Maurice, où il est devenu une figure de la littérature francophone de l’île. Son poème a été écrit en anglais, qui avait été choisi comme langue officielle pour les affaires de l’État. L’hymne met en avant les valeurs d’unité, de paix, de justice et de liberté, reflétant à la fois les espoirs du peuple et la vision d’une nation nouvellement indépendante.

Philippe Gentil (1928-2021) a composé la mélodie qui accompagne les paroles de Prosper. Il a servi dans la fanfare de la police mauricienne pendant plus de trois décennies, contribuant grandement à la vie musicale du pays. Sa composition a donné à l’hymne un ton solennel mais exaltant, adapté aux occasions nationales.

L’hymne a été interprété pour la première fois en public lors de la fête de l’indépendance en 1968. Les récits historiques décrivent la cérémonie qui s’est déroulée au Champ de Mars, en présence du Premier ministre Sir Seewoosagur Ramgoolam et du gouverneur britannique Sir John Shaw Rennie. Alors que le nouveau drapeau était hissé par l’inspecteur Palmyre, l’hymne a été interprété pour la première fois. Les rapports rappellent que les écoliers, vêtus des couleurs nationales, ont chanté l’hymne, créant une image qui fait désormais partie de la mémoire collective de la nation.

Contrairement à plusieurs autres anciennes colonies qui ont célébré leur indépendance à minuit, Maurice a choisi d’organiser la cérémonie officielle à midi. Cette décision a été prise en raison de problèmes de sécurité liés aux troubles civils survenus plus tôt dans l’année. La cérémonie en journée a permis une transition pacifique et a permis au public de participer aux célébrations sous un ciel dégagé.

Aujourd’hui, l’hymne est officiellement connu sous le nom de « Motherland ». Le gouvernement mauricien continue de publier le texte et la partition musicale autorisés, garantissant ainsi son utilisation dans les écoles et lors des événements nationaux. Plus d’un demi-siècle plus tard, l’hymne exprime toujours les idéaux qui ont guidé Maurice à l’aube de son indépendance, à savoir l’unité, la dignité et la fierté d’une patrie commune.

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